« Les gens s’arrêtent devant ma vitrine et me demandent si les voitures sont à vendre »
11 février 201916:30
Visite au fil des garages belges. Cette semaine: la vitrine de Lionel Vanderstraeten.
En sillonnant les routes de Flandre, on trouve des petits bijoux chez des ex-concessionnaires. Comme à Wetteren, chez Lionel Vanderstraeten (69 ans). « Il y a une bonne trentaine d’années, cette Nissan 300 ZX V6 Turbo (1984) avait eu un sinistre total », explique son propriétaire.
« La réparation allait être complexe et chère, mais mon client m’ a quand même donné son accord, avant de changer d’avis alors que j’avais déjà commandé les pièces. J’ai donc racheté sa voiture et l’ai réparée tranquillement. Un sacré travail! » Elle affiche 66.067 kilomètres au compteur. « Je la fais parfois rouler dans la rue, pour la faire tourner un peu. Quand on accélère, on voit la jauge d’essence baisser à vue d’oeil! » (rires) Vue en plein écran
La 300 ZX Twin Turbo (1991) rouge (quatrième génération) embarque à peu près le même moteur, mais dans une version plus puissante. « Dans sa version standard, il faisait 284 ch; je l’ai un peu boosté pour qu’elle grimpe à 280 kilomètres à l’heure. Une fois, j’ai fait une course avec une Porsche sur l’autoroute… »
Lors de son lancement, en 1990, c’était une voiture de sport spectaculaire, très moderne tant pour le design que la technologie. « C’est l’enfer à travailler: le compartiment moteur est plein comme un oeuf et on n’a accès à rien », soupire Vanderstraeten. « Par contre, elle est phénoménale.
Autrefois, j’avais mes virages préférés, que je prenais de plus en plus vite. » D’après le carnet d’entretien, la dernière lubrification date de 2009. « Je l’ai faite immatriculer en tant qu’ancêtre, en 2016, mais les plaques sont restées sur la banquette arrière. Il est pratiquement impossible d’en trouver d’autres de ce type, en bon état.
Régulièrement, des gens viennent regarder ma vitrine et me demandent si elles sont à vendre: je leur réponds que non, car ma fille veut les garder. Surtout la blanche: mon épouse l’a beaucoup conduite. Elle est décédée il y a dix-neuf ans. »
Il nous emmène dans son atelier. « Cette Datsun 260Z 2+2 (1977) a été ma première voiture de sport. Je l’ai rachetée à un gendarme qui en avait hérité. Je l’ai réparée et conduite pendant des années. Elle a servi pour la première communion des enfants. C’était aussi une bonne voiture dans son genre. Quand j’aurai le temps, je la remettrai en ordre. »
Lionel Vanderstraeten
Concessionnaire Nissan retraité
Voiture de tous les jours: Nissan Qashqai (2015)
La meilleure: Nissan 300 ZX Twin Turbo (1991).
Vendue avec regret: Datsun 160 J SSS (1974).
Le rêve: Nissan GT-R.
Il travaille actuellement sur sa Datsun 1000 Deluxe (1970), 83.305 kilomètres au compteur. « Ce sont les premières voitures que j’ai vendues à mes débuts de concessionnaire Nissan, en 1971. Mon père était menuisier et il l’utilisait comme véhicule professionnel. » À l’arrière, on voit toujours cet autocollant de Marc et Luc Van Bever, des coureurs cyclistes de l’équipe Romy Pils-Superia.
« Je ne sais absolument pas s’ils sont encore vivants! » s’exclame-t-il en riant. Il sort du coffre le journal Nieuwsblad du 28 mai 1971. « Ce journal y est resté. Le dernier contrôle technique date du 28 novembre 1981 et, depuis, elle n’a plus bougé d’ici. Mais il suffit de brancher une batterie, de vaporiser un peu de liquide de démarrage sur le moteur et, hop, elle démarre au quart de tour! »
« Bien cachée dans mon fourbi, il y a aussi une Datsun 220 Diesel années 70 avec 30.000 kilomètres au compteur. Elle avait un très mauvais moteur: parfait pour la ville, mais sur l’autoroute, il ne valait rien. Je l’avais prise pour aller Espagne; elle est revenue en camion! La Nissan Primera des années 90, qui se trouve également ici, a tenu 500.000 kilomètres sans le moindre problème. »
Aujourd’hui, il n’ y a plus de petits concessionnaires. « Chez Nissan aussi, il faut avoir au moins deux garages. J’ai pris ma retraite il y a cinq ans. Pour m’occuper, je travaille encore un peu pour d’anciens clients, certains viennent ici depuis près de cinquante ans. Les voitures se sont vraiment bien améliorées. Autrefois, on voyait déjà de la corrosion lorsqu’elles descendaient du bateau. On aurait pu les entendre rouiller… »
Bert Voet